samedi 5 janvier 2008

Encore des femmes, cette fois ci des MISS, ou presque ....

Sophie Vouzelaud

Sophie Vouzelaud (née le 21 juin 1987 à saint junien) est élue 1re dauphine à l'élection de Miss France 2007.

Sophie Vouzelaud est la première femme malentendante à participer à une finale de l'élection Miss France. Elle utilise la langue des signes et lit sur les lèvres ; elle a toutefois tenu à s'exprimer de manière orale lors de la finale du concours Miss France. En 2006, elle prépare un bac professionnel dans la spécialité « comptabilité ».

Sophie Vouzelaud n'a pas été élue Miss France car il lui manquait seulement un vote du jury ; elle devance pourtant la Miss France Rachel Legrain-Trapani au niveau des votes téléphoniques et sms. Elle apporte son soutien en Avril 2007 à une initiative régionale, en effet elle fera la une du premier magazine féminin régionale SO Glam, magazine tendance et de proximité de la région Limousin !

En juin, Rachel Legrain-Trapani a annoncé qu'elle laissait Sophie représenter la France à Miss Monde en tant que première dauphine. Mais quelques jours plus tard, le comité miss Monde a annoncé qu'il refusait la candidature de Sophie car seules les personnes au titre de miss peuvent concourir.

Sophie représente la France au concours Miss Internationnal.

des émissions, des vidéos ...


- L'émission L'oeil et la main
La réalisatrice Kevin Morris a suivi le parcours qui a mené Sophie Vouzelaud jusqu'à la soirée du 9 décembre 2006, au Futuroscope de Poitiers, où elle a été élue première dauphine de Miss France. Retour sur les répétitions qui précédèrent l'élection. Même si la chorégraphe a bien compris qu'il fallait aménager des adaptations pour que Sophie puisse exécuter les déplacements en musique, on assiste aux efforts que cette dernière fournit en tentant de se caler sur les autres jeunes femmes, qui ne sont pas non plus à l'abri d'une erreur…
Elle nous fait part de la fatigue engendrée par la concentration que lui demandent ces répétitions, pour lesquelles elle ne bénéficie pas de la présence d'un interprète. Mais elle compte sur le comité Miss France pour en prévoir un lors de la soirée de l'élection, car elle a l'intention de parler mais aussi de s'exprimer en langue des signes.
Quelques temps après l'élection, en compagnie de ses amis sourds de la Maison des sourds de la Haute-Vienne et également chez elle, auprès de ses parents, Sophie Vouzelaud commente les images de la soirée qui fit d'elle une "sourde au pays des Miss". En plus de la tension et de l'émotion qui croît tout au long de la soirée, elle s'est retrouvée malgré elle dans une situation délicate à gérer : d'une part, on lui fait savoir qu'elle ne pourra pas s'exprimer à l'oral et, alors qu'elle prend le parti de signer, la personne prévue pour la traduire se révèle dans l'incapacité de la comprendre. Jean-Pierre Foucault s'improvise alors interprète et Sophie prend le micro pour délivrer son message.

Au-delà du titre de première dauphine et de la célébrité qui l'accompagne, la jeune femme doit porter tous les espoirs de ceux qui l'entourent : ceux de la communauté des sourds, qui voit en elle un symbole de leur capacité à parvenir à la réussite tout en pratiquant leur langue ; ceux de ses parents, fiers de sa victoire et de ses capacités à parler, mais également ceux des habitants de sa petite ville, Saint-Junien, dont elle est devenue une personnalité.
Vidéo Source : http://www.france5.fr/oeil-et-main/archives/28964421-fr.php

- Le 8 mars, Sophie Vouzelaud a été invité sur le plateau télévisé " Le Grand Journal" de Canal Plus. avec Ségolène Royal en rédactrice en chef à la place de Denisot l’animateur de canal+, une soirée exceptionnelle. Les sujets ont été abordés : le problème de sous-titrage surtout dans la campagne électorale et l’intégration des enfants sourds en classe à l’école en milieu ordinaire.
Vidéo Source : http://sourds.ouest.free.fr/D173.htm

- Le 12 décembre, Sophie Vouzelaud a été invité sur Canal + avec Luc Besson
Vidéo Source : http://www.sophievouzelaud.fr/revue_p2.html

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Retrouvez sur son site officiel tous les reportages, vidéos, articles, photos ...

http://www.sophievouzelaud.com


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Dans son numéro 2434, l’hebdo télé "Télé 7 jours" propose une interview de Sophie Vouzelaud, première dauphine de Miss France et malentendante. Voici l’interview complète et un résumé des encadrés des 3 pages consacrées au sujet.

Comment votre titre de 1re dauphine a-t-il été accueilli parmi les sourds ?
Ils se sentent fiers et comptent sur mon titre pour améliorer leur vie au quotidien. Les sourds veulent avoir les mêmes droits que les autres, en matière d’accessibilité à la culture, notamment la télé et le cinéma. C’est ce que j’ai « signé » à six reprises aux téléspectateurs le soir de l’élection, mais la jeune femme qui faisait office d’interprète - une salariée du Futuroscope - a paniqué et n’a pas réussi à traduire mes propos. Les sourds de France étaient furieux, pas après elle, la pauvre n’y est pour rien, mais après TF1 et la production qui n’ont même pas engagé une véritable interprète.

D’autant que la prod avait choisi de ne pas vous faire parler pour des raisons « techniques »...

Je ne comprends pas pourquoi... J’étais tellement révoltée d’être réduite au silence que j’avais envie de hurler. Finalement, cette histoire m’a servi puisque je me suis emparée du micro pour montrer que j’étais capable de parler. Je suis sourde, pas muette ! À cet instant, les votes des téléspectateurs en ma faveur ont - paraît-il - explosé !

En quoi la télé n’est-elle pas faite pour les sourds ?
Malgré la loi du 11 février 2005 (NDLR : qui vise à assurer l’accès des personnes handicapées aux droits reconnus à tous les citoyens), trop d’émissions restent inaccessibles aux sourds et malentendants. Nos choix de programmes sont vraiment restreints. Nous sommes les oubliés du PAF.

Que souhaitez-vous ?
Que les chaînes n’attendent pas 2010 pour sous-titrer leurs programmes, car nous commençons à nous impatienter ! Et puis que tous les journaux d’information soient à la fois sous-titrés et traduits en langue des signes pour une compréhension à 100 %. Les sous-titrages seuls ne sont pas toujours très clairs, car souvent bâclés.

La démarche coûte très cher...
Peut-être, mais les chaînes doivent comprendre que l’accessibilité à la culture et à l’info pour tous est plus importante que l’argent ! Surtout en cette période de campagne électorale. Nous sommes des citoyens comme les autres et nous voudrions pouvoir suivre les débats télévisés. Savez-vous que beaucoup de sourds votent pour le candidat qu’ils comprennent ? Certains voteront Sarkozy parce que ses discours sont souvent sous-titrés, d’autres Le Pen parce qu’il articule bien.

Et le cinéma ?
Dans les grandes villes, nous ne pouvons regarder que les films étrangers en version sous-titrée. À Limoges, on est obligé d’attendre la sortie en DVD. Par conséquent, nous sommes toujours en retard sur les autres, et ça me rend malade ! De plus, les DVD français n’ont souvent pas de sous-titrage. Du coup, il y a beaucoup de films que les sourds n’ont pas le droit de voir.

Vous avez la chance de lire sur les lèvres et d’oraliser. Comment avez-vous appris à communiquer avec les entendants ?
Quand maman a su que j’étais sourde, elle a rejeté la langue des signes. Elle voulait à tout prix que je parle. Ma famille et moi avons donc appris le LPC (Langage parlé complété) avec Valérie, mon orthophoniste. Mes parents ont alors estimé que mon élocution était suffisamment claire pour que je poursuive une scolarité normale. Je ne comprenais pas toujours tout. J’avais, en plus, 3 à 4 heures de soutien par semaine avec un professeur spécialisé. C’était très difficile et fatigant. Surtout au lycée. Après avoir encaissé les réflexions discriminatoires de mon prof de comptabilité, j’ai décidé de passer mon bac professionnel par correspondance.

Comment voyez-vous l’avenir ?
J’aimerais devenir mannequin !

Depuis un an et demi, vous avez un petit ami, Davy, prof de langue des signes. Vous voyez-vous mère un jour ?
Bien sûr, mais pas maintenant.

Et si votre enfant naît sourd ?
Aucun problème. Du moment qu’il est heureux !


La réponse des chaînes

France 2 : "nous souhaitons diversifier au maximum les émissions sous-titrées afin que chacun puisse trouver des programmes qui lui correspondent".
TF1 : "en 2001, nous avons mis en place une méthode de sous-titrage. La technique était assez satisfaisante, mais nous avions du mal à sous-titrer convenablement les actualités de dernière minute. Alors nous avons préféré reporter le projet" (Eric Jaouen, directeur de la diffusion chez TF1)
M6 : "nous n’avons ni les moyens de TF1, ni l’aide gouvernementale de France Télévisions, mais nous faisons de notre mieux. Conformément à la demande du gouvernement et du CSA, nous sous-titrerons la plupart de nos programmes d’ici à 2010".

L’exemple américain

Aux Etats-Unis, la loi sur le sous-titrage date de 1990. Aujourd’hui presque tout est sous-titré et les chaînes sponsorisent même les sous-titres. En Europe, la BBC (service public anglais) sous-titre 95% de ses programmes "avec une qualité proche de la perfection" d’après Jérémie Boroy, président de l’Unisda.

Télévision pour tous : objectif 2010

2 ans après l’adoption de la loi qui fait que d’ici 2010, tous les programmes devront être accessibles, où on est-on ? Jérémie Boroy dresse un bilan contrasté : "si les chaînes ont fait des efforts, on sent qu’elles vivent cette loi comme une contrainte et qu’elles manquent d’enthousiasme". "Seuls 30% des programmes sont sous-titrés". France Télévisions sous-titre la moitié de ses grilles dont le 13h et le 20h alors que M6 ne sous-titre que 10%, principalement des séries américaines. "C’est encore peu. Mais quand M6 a commencé le sous-titrage, nous avons eu l’impression de découvrir une nouvelle chaîne". TF1 et ses 30% de sous-titrage est frileuse. Le journal n’est pas sous-titré car la chaîne ne met pas les moyens pour faire mieux que France 2. "En période électorale, ce manque d’infos se fait cruellement ressentir. Nous sommes des électeurs et nos votes seront comptabilisés comme les autres. Mais, pour le moment, nous ne pouvons pas suivre les débats politiques".

Chaîne sous-titrée : la tentative ratée

En novembre 2001, TVST "la télévision sous-titrée" est lancée sur le câble avec un budget de 2,3 millions d’euros. Mais au bout de 4 mois, la chaîne disparait. Inévitable pour Jérémie Boroy. "La programmes diffusés sur TVST étaient des rediffusions de ce qu’on avait pu voir sur le hertzien plusieurs semaines auparavant". Inconcevable dans le cadre d’une offre payante.

Quelques repères

entre 5 et 6 millions de sourds en France (dont moins de la moitié sourds de naissance) d’après le ministère de la santé
pour sous-titrer la totalité de ses programmes, chaque chaîne devra dépenser 7,2 millions d’euros par an
la minute de sous-titrage coûte 15 euros environ
il faut 25 heures pour sous-titrer une heure de programmes
pour accéder au sous-titrage, appuyez sur la touche télétexte puis entrez 888

Dossier réalisé par Julien Lamury (encadrés) et Audrey Mouge (interview) pour Télé 7 jours numéro 2434.

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Heather Whitestone Miss America 1995


sa bio en anglais : http://en.wikipedia.org/wiki/Heather_Whitestone
son site : www.heatherwhitestone.com



vendredi 4 janvier 2008

Kilina Cremona , Brenda Costa deux femmes hors du commun.

Kilina Cremona

Danseuse‑interprète et chorégraphe, elle a été formée à la danse contemporaine en France par Karin Waehner et aux États‑Unis par Martha Graham, Merce Cunningham, Meredith Monk, José Limon... Elle a créé plus d'une trentaine de pièces chorégraphiques en France (Beaubourg, La Villette, Festival Montpellier Danse, ...) et dans de nombreux pays.

Elle a remporté plusieurs prix en France et à l'ét
ranger notamment avec sa création, Loup Bleu, présentée à la Biennale de la danse à Lyon en 2000. Devenue malentendante en 2000, ce handicap bouleverse son rapport au monde et decide de l'intégrer dans sa démarche artistique et pédagogique.

C'est ainsi qu'elle revient à Lyon pour y fonder un centre de formation de danse contemporaine, pouvant accueillir des malentendants et entendants ainsi que des danseurs étrangers. Ayant déjà travaillée avec des personnes sourdes et malentendantes, elle construit un langage du corps en insistant sur le mouvement et l'intelligence du corps.

Elle a appris à enseigner sans mots. Sa danse ne s'appuie pas fondamentalement sur la musique. Selon elle, le mouvement dans la danse crée sa propre musique, faite du rythme et de la respiration du danseur ainsi que des bruits qu'il peut générer en se déplaçant.

Pour elle, les sourds peuvent danser puisqu'ils peuvent se mouvoir, respirer et adapter leur respiration et leur rythme aux mouvements. (...)

vu sur http://www.on-line-dance.tv/kilina_cremona.htm
autres infos : http://www.cnd.fr/formation_professionnelle




Brenda Costa
RÉSUMÉ du livre : Témoignage de Brenda Costa, jeune mannequin brésilien sourde et muette depuis sa naissance, devenue célèbre dans le monde entier. Avec l'aide de ses parents, elle raconte son combat pour continuer à vivre malgré ce handicap, ainsi que sa volonté de devenir mannequin. Récit de cette lutte presque joyeuse, de sa relation sans égal avec sa mère, de sa force de caractère et sa joie de vivre.

ARGUMENTAIRE : Elle n'entend rien mais comprend tout, lisant «couramment» sur les lèvres en portugais (sa langue natale), en anglais et, dans une moindre mesure, en diverses autres langues. N'ayant aucun repère auditif, elle ne s'exprime qu'en sons étranges et rares bribes de phrases... Et malgré cela, la voici, à vingt-deux ans, top model international ! Il est vrai qu'elle est magnifique, mais cela ne suffit pas dans le monde exigeant de la mode. Alors ? Un miracle ? Non : le fruit du courage et de l'obstination.

Il y a d'abord les parents, qui travaillent deux fois plus pour lui offrir les soins d'un orthophoniste réputé, refusant d'enfermer leur fille dans un ghetto pour malentendants. Brenda n'apprendra pas le langage des signes mais celui des bouches qui lui parlent. Elle fréquentera des écoles «classiques», affrontant la cruauté des enfants qui finissent pourtant par l'aimer et la suivre, tant son aptitude au bonheur et sa détermination à faire oublier son handicap se révèlent contagieuses... Plus tard, jeune femme, elle s'appliquera à vivre «comme les autres». Elle aimera et sera aimée, et réalisera son rêve de petite Brésilienne dorée au soleil de Rio - devenir mannequin - au-delà de toute espérance.

Belle du silence : un combat presque jovial, une relation mère-fille sans égal qui est pour beaucoup dans cette réussite, et une leçon d'espoir.

Vu sur http://www.bief.org/



Elle est née à Rio de Janeiro en 1982. Elle aurait pu vivre e vie de « carioca » normale, parcourant les plages d’Ipanema si elle n’était pas venue au monde avec un handicap de taille. En effet la jeune fille est sourde de naissance.

Lorsqu’ils découvrent la surdité de leur fille, les parents de Brenda Costa refusent de l’enfermer dans un ghetto pour malentendants et veulent faire d’elle une personne indépendante. Ils l’envoient chez un orthophoniste réputé. Brenda apprend à lire sur les lèvres en portugais, anglais et se débrouille pour d’autres langues étrangères, mais elle ne connaît pas celle des signes. Pour lui donner une scolarité normale, ses parents l’enverront dans une école classique.

A16 ans, elle est repérée par un agent sur une plage près de Rio. Elle se rend à un casting en compagnie de sa mère, mais le responsable de l’agence refuse de la prendre à cause de son handicap. Effondrée, elle pleure dans les bras de sa mère, quand passe le directeur général de l’agence. Emu par la jeune fille, il décide de lui donner sa chance.

A force de courage et d’obstination, Brenda Costa est devenue un des mannequins les plus recherché de la planète. Elle a fait les couvertures de Vogue ou encore Elle, et des campagnes pour El Corte Ingles. Consécration : elle est depuis quelques temps la nouvelle égérie de Shalimar de Guerlain. Devenue star, Brenda est poursuivie par les paparazzi. On lui prête même une aventure avec le footballeur Ronaldo.

En novembre 2005, Brenda Costa sort une autobiographie, « Belle du silence » où elle raconte son parcours atypique.

Vu sur http://teemix.aufeminin.com/

jeudi 3 janvier 2008

pour une reconnaissance effective de la langue des signes française

Appel pour une reconnaissance effective de la langue des signes française
dans l’espace éducatif des enfants sourds.

Cet appel vise à informer le plus largement possible de la situation faite aux enfants et adolescents sourds qui ne trouvent plus désormais la langue des signes française (LSF) dans les lieux éducatifs qui les accueillent.
Paradoxalement en effet, alors que notre pays vient de reconnaître l’importance de cette langue et que les langues des signes sont posées par la Commission Européenne comme « partie du patrimoine tant linguistique que culturel de l'Europe », l’organisation éducative, dans notre pays, fait le plus souvent entrave à son existence réelle : 1% des enfants sourds scolarisés ont la LSF comme langue d’enseignement. Alors que la loi de février 2005 reconnaît cette langue comme une « langue à part entière » et que le droit réaffirme la possibilité d’être enseigné dans cette langue, les dispositifs éducatifs, dans les maternelles et classes primaires de l’éducation nationale notamment, ne prennent pas acte du texte voté. Dans de nombreuses régions, l'enfant sourd, sous prétexte d'être « intégré », est de fait placé, seul, dans un milieu où n'existent autour de lui que des langues sonores auxquelles il n’a pas accès en raison de ses particularités sensorielles. Dès lors il n’est plus en contact avec cette langue des signes car il est séparé de ceux qui la parlent. N’ayant pas accès aux échanges en langue vocale qui l’environnent, l’enfant sourd n’a pas accès à l’information et à la culture.

Ce principe d’intégration individuelle en milieu dit ordinaire, profondément discriminatoire et contraire à l'esprit de la loi votée en 2005, doit être interrogé dans ses fondements car il n’est pas respectueux des particularités et des différences de ces jeunes sourds.
Cette exclusion de la LSF et de groupes de locuteurs en LSF de l'espace éducatif est aggravée par la tendance de certains milieux à assimiler la surdité à une maladie représentant un problème de santé publique. Il est ainsi proposé aux pouvoirs publics de généraliser un dépistage néonatal (dans les 3 jours après la naissance) en vue de pouvoir recourir aux implants cochléaires présentés comme seuls efficaces pour guérir la supposée maladie. Une expérimentation entamée en 2005 et devant se terminer mi-2007 a déjà été hélas lancée dans six régions de France. Pas plus ici que dans le dépistage réclamé par l’INSERM concernant le dépistage des « troubles de conduites chez l’enfant », l’amalgame et l’analogie ne sauraient valoir scientificité !
Pour ce qui est du dépistage néonatal généralisé, il nous faut préciser que ne se trouvent pas remplis les critères de l'Organisation Mondiale de la Santé prévus pour une telle procédure. Ajouter indûment la surdité à la liste des maladies déjà prévues (hypothyroïdie, mucoviscidose, drépanocytose, phénylcétonurie, hyperplasie congénitale des surrénales) justifiant un dépistage néonatal vise à transformer les Sourds en malades à soigner. De nombreux praticiens de la petite enfance ont justement souligné en quoi les annonces prématurées de surdité allaient poser d'importants problèmes quant aux relations précoces au sein de la famille. En quoi également elles viendraient fragiliser la stabilité émotionnelle future. La fiabilité douteuse des tests (une proportion importante de dépistés « sourd » se sont avérés ne pas l’être !) comme l’absence de réel traitement conduisent à s’interroger sur les raisons de la hâte à rendre opérationnel ce dépistage dit « de masse » en ne respectant pas les critères de l’OMS !

Pour ce qui est de l'implant cochléaire que certains milieux médicaux extrémistes présentent désormais comme obligatoire, le Comité Européen d'Ethique vient tout récemment (mars 2005) d'émettre des réserves qu’il conviendrait de prendre réellement en compte :
«Les efforts déployés pour promouvoir cette technologie (les implants cochléaires) chez les enfants sourds posent des questions éthiques quant à son impact sur le porteur d’implant et sur la communauté des sourds (notamment ceux qui communiquent en langue des signes). Ils ignorent le problème d’intégration sociale du porteur d’implant dans cette communauté et ne prêtent pas une attention suffisante aux incidences psychologiques, linguistiques et sociologiques. Avant toute chose ils promeuvent une vision particulière de la normalité. Du point de vue du CEE la question des implants cochléaires elle-même, l’analyse risques/avantages et le problème d’accès équitable aux soins devraient être encore approfondis».
Cette technique ne saurait être présentée comme un traitement universel de la surdité, permettant l'audition et donnant accès au langage à tous coups! En effet, la très longue rééducation nécessaire après implant ne permet pas une entrée facile dans les langues vocales. De plus, les implants comportent un pourcentage non négligeable d'échecs, qui ne sont reconnus comme tels qu'après deux ans de rééducation! Or la plupart des implantations sont accompagnées d'un discours "médical", interdisant ou déconseillant fortement (ce qui a bien souvent valeur d'interdit pour les parents) la LSF, privant ainsi l'enfant d'une véritable langue, facile d'accès, pendant une longue période, cruciale pour sa construction psychique.

L'argumentation comptable ne prend pas en considération l'ensemble des paramètres intervenant dans ce choix d’orientation des tout jeunes enfants sourds vers une filière de soins par le « remède » oral. Elle ne chiffre pas le caractère pathogène des annonces prématurées et fait comme si, après dépistage et implantation cochléaire, le Sourd allait pouvoir être considéré comme un entendant. Elle minimise le coût des équipements et du personnel qui devra être sans cesse augmenté pour qu'une telle entreprise soit poursuivie. Elle ne tient pas compte non plus des effets négatifs que cette orientation vers le tout sonore va entraîner au niveau des dispositifs d'accueil —qui parviennent encore, tant bien que mal, à maintenir un espace où les langues des signes sont accessibles aux jeunes enfants sourds. Cette entreprise minimise en fait les coûts réels qui devront être engagés, pour faire passer auprès des décideurs soucieux du déficit de la sécurité sociale des mesures dites d’économie mais qui de fait vont aggraver ces déficits ! Ni sur le plan comptable ni sur le plan humain, la mise en place de cette filière de soins, visant de fait à faire disparaître la LSF dans les lieux d’accueil, ne nous paraît justifiée !

Nous ne sommes pas opposés aux progrès médicaux, mais nous pensons que ceux-ci doivent rester au service de l'être humain et non l'inverse.
Nous pensons nécessaire de saisir toutes les instances habilitées à se prononcer sur cette situation ainsi que les divers médias et réseaux d'information afin de faire connaître les impasses et désastres éducatifs et humains qu'une telle organisation- interdisant de fait la langue des signes- produit actuellement même.
Alors que tous les travaux, notamment linguistiques, sociologiques et psychologiques, ont très largement démontré la nécessité pour l’enfant d’accéder le plus tôt possible à cette langue, la situation effective œuvre exactement à rebours. Alors qu'il a été très largement démontré combien la pratique précoce de la langue des signes aide et nourrit la curiosité exploratoire à aller vers d'autres formes langagières orales ou écrites, nous assistons à une mise en œuvre de sa disparition effective.
Nous ne pouvons pas nous taire devant une telle situation. Ceci concerne le processus d’humanisation, de socialisation et nous interpelle tous sur ce qui se passe dans de tels dispositifs.

Nous en appelons aux législateurs et responsables divers, aux associations et organismes, aux professionnels, à tous ceux qui, sensibles et respectueux des différences et particularités, souhaitent que soient mises en place d'autres formes de dispositifs authentiquement intégratifs.
Il est en effet de toute première urgence que nous allions vers une intégration de la langue des signes française pour véritablement intégrer les enfants sourds. A cet effet, la dimension du groupe des locuteurs signants mérite d'être respectée et prise en compte ainsi que l'ont déjà compris d'autres pays. En intégrant le groupe nous construisons effectivement une intégration de la différence et non pas comme actuellement du déficit ! Pour que les enfants entendants puissent eux aussi apprendre cette langue, il est de toute première importance en effet qu'elle soit vivante et donc parlée par plusieurs locuteurs signants. Ainsi peut advenir un nouveau regard sur ceux qui parlent autrement et qui par leurs différences langagières enrichissent ceux qui les rencontrent.

Professionnels, parents, citoyens, tous concernés diversement par une telle situation :

Nous en appelons à un droit à penser un véritable accueil de la différence langagière, à construire un réel bilinguisme au sein des dispositifs éducatifs de notre pays.

Nous nous élevons contre une tentative infondée et injustifiée d’assimilation de la surdité à une maladie et des Sourds à des malades à soigner par des techniques qui posent ce jour d’importants problèmes dénoncés notamment par le Comite d’Ethique Européen.

Nous refusons la situation actuelle qui prive l'enfant sourd de la langue des signes vers laquelle il est attiré très précocement, langue qui lui est nécessaire pour prendre parole, aller vers d’autres univers langagiers et s'instruire ainsi que tous les autres enfants.

Nous souhaitons que d'autres formes de dispositifs intégratifs (notamment de groupe) permettant véritablement l'existence réelle de la langue des signes française dans l'environnement éducatif des enfants sourds puissent se mettre en place.

Nous informerons le plus largement possible les responsables politiques et tous les citoyens sur l'importance de ce problème, sur ses conséquences et sur les conditions minimales requises pour que la LSF ne disparaisse pas des circuits éducatifs de notre pays.

pour signer c'est ici : http://appel.lsf.free.fr/

mercredi 2 janvier 2008

La nuit des signes


Performance spectacle pour deux danseurs (break, hip hop), deux comédiens et trois musiciens (une contrebasse et deux Djs).

Cette création est destinée à évoquer l'univers particulier des malentendants et des malvoyants, alliant dans une œuvre commune la danse, la musique et le théâtre.

Ce spectacle s'appuie, dans son concept et dans sa réalisation, sur une communication particulière : La Langue des Signes Françaises.

L’intention du metteur en scène est d’exposer le spectateur à la confusion des sens et à l’agression générée par le télescopage des informations…
C’est ainsi que les textes sont projetés, dansés, signés, parlés, scratchés et boxés au fur et à mesure que l’on pénètre dans cette Nuit…

Cet événement a pour ambition de rayonner dans et au-delà de la région Languedoc Roussillon afin de faire partager une expérience forte en sensibilisant le public à l'univers particulier des déficients sensoriels.

La Nuit des Signes peut s’inscrire dans une action pédagogique auprès du public scolaire avec la mise en place d’ateliers de hip-hop/break danse, scratch et d’initiation à la Langue des Signes Française, dont l’apprentissage devrait être pleinement intégré à tout cursus.


Avec :
Mise en scène et textes : Bernard Calendini
Chorégraphie : Patricia Loubière
Danse : Patricia Loubière & Majid Yahyaoui
Comédiens : Eve Nuzzo & Francois Kopania
Musique : Michel Altier (contrebasse), Djs Diez & Tito
Régie : Didier Peigle
Accompagnement lumière : 6 participants
L.S.F. : 1 interprète
Communication presse : Carine Claude
Communication visuelle : Dimitri De Lago
Attachée de production : Sandie Safont
Création & production : Le Manif Prod.


Pour en savoir plus -> le site http://www.lemanif.org/